BASSE SAISON
Dispositif 1 artiste 1 collège
Basse saison articule deux volets d'une résidence pluridisciplinaire menée à Dieppe en Seine-maritime en janvier 2016 : un volet action culturelle à travers une intervention pluridisciplinaire auprès d'une classe de 6e au collège Delvincourt, un volet de recherche artistique mené sur le territoire de la ville.
Basse saison a réuni Romain Leblanc, photographe, Nicolas Simeha, chanteur lyrique et performeur, et Nadège Sellier.
DANS LA VILLE / INTERROGER LE TERRITOIRE
Basse saison veut s’interroger sur la notion ‘d’identité du territoire’. S’il en est une, existe-elle par « essence »? Qu’est-ce qui perdure, se charrie, évolue? Le territoire comme support d’identité ou producteur d’identité? Quelles sont les forces en jeu dans la stratification des réalités en présence? Quel circulation entre visible et invisible?
Le périmètre d’étude est celui de la ville de Dieppe, comme simple donnée géographique d’une résidence artistique. Comment se positionner dans une enquête sur le territoire? Peut-on même mener une enquête dont l’objet serait de cerner en synchronicité son sujet? La neutralité est-elle possible? Quel support choisir pour traduire les hypothèses de lecture?
Ici se forment à travers les premières observations des lignes de tension entre hasard de l’incitation et puissance de captation des éléments de terrain, unicité et pluralité, visible et invisible, réalités et fictions du territoire.
Pour traduire ces ‘forces en présence’, la démarche se cristallise sur le médium photographique. La forme de l’enquête qui cherche son sujet est affirmée par la nature des images: prises de vue en zoom, décalages, moyen de captation pauvre, aplat des éléments, constructions de leitmotivs. L’album fragmentaire d’une dérive dans la ville se construit, où l’apparente dérision de l’inanimé, et la présence énigmatique de l’animé se côtoient. Les objets, les lignes d’architecture et les figures coexistent en une collection d’images pixellisées qui brouille la notion même d’identité, donnant une impression constante d’attente où le regard dérive.
AU COLLÈGE / L'ÉPOPÉE DE GILGAMESH
Partir de la matière d’une épopée ancienne nécessite une ré-appropriation, une réécriture. Nous avons choisi ce point de départ pour ré-interroger avec une classe de 6e, l'épopée de Gilgamesh.
L'approche pluridisciplinaires entend plusieurs axes de travail:
/ questionner les codes de choeur tragique par un travail théâtral et chanté
/ interroger le mythe par la composition de mises en scène photographiques
/ penser l’établissement scolaire comme le terrain de jeu idéal pour des actions performatives : déambulations, scénographie inattendue à partir des espaces de l’établissement…
PAR LE MÉDIUM PHOTOGRAPHIQUE
Les élèves sont invités à réaliser des mises en scène photographiques du l’épopée de Gilgamesh. Comment penser le mythe à notre ère contemporaine ? Comment l’actualiser ? Il s’agira donc pour les élèves d’en dégager les principaux axes, les mettre en relation avec les préoccupations des adolescents et élaborer ensemble la construction d’une image. Le dispositif en studio photo, mais aussi les extérieurs sont utilisés comme cadre. Les élèves travaillent la fabrication d'une image, depuis la conception à la mise en place des postes : l’accessoiriste, le photographe, l’assistant.
PAR L'ESTHÉTIQUE DU CHOEUR
Le mode de transmission traditionnel de l’épopée n’est pas connu, mais on retrouve dans beaucoup de cultures un usage prédominant de la voix chantée (Gréce, Balkans). Notre projet n’est pas de restituer ce mode d’interprétation de l’épopée mais plutôt de nous en inspirer. Un travail de chœur, de rythmique du texte, des effets vocaux simples. Ce travail est avant tout basé sur l’écoute de l’autre et sur l’homogénéité.
Nous travaillerons également sur le traitement spatial et chorégraphique de ces enjeux: comment rendre visible le groupe, son organicité, ou au contraire l’isolement, le conflit? Comment accompagner, illustrer, être en contraste d’une prise de parole?
RESTITUTION
La restitution est une forme déambulatoire multi espaces dans l’établissement. Cette démarche joue sur plusieurs plans: mettre le spectateur dans la situation d’une vision fragmentée et discontinue, déplacer le regard par l’usage détourné et ludique des espaces, enfin interroger les possibilités de transmission et de réception d’une oeuvre.