FESTIVAL DÉPROGRAMMATION
La Manufacture Atlantique
Rencontres et workshops autour des arts politiques
Du 17 novembre au 3 décembre, la Manufacture Atlantique a accueilli DÉPROGRAMMATION. Un moment singulier à plus d’un titre, né au fil des conversations avec les usagers du lieu et initié par la chorégraphe-performeuse russe Dina Khuseyn, Emilie Houdent, et l’équipe du théâtre et qui vise autant à célébrer les 20 ans du lieu qu’à assurer une transition énergique vers la Manufacture-Centre de Développement Chorégraphique National. Dès sa création sous le nom de Tout Nouveau Théâtre, la Manufacture Atlantique a cherché à emprunter des chemins de traverse, à infléchir les liens organiques entre art et société. DÉPROGRAMMATION découle de cet héritage. A l’heure où de nombreux lieux culturels s’interrogent sur leurs missions, leur légitimité et leur nature, expérimentant des façons plus équitables de partager l’art et la culture, une équipe de « déprogrammateurs » plurielle, bénévole et fluctuante, incluant de nombreux acteurs du réseau associatif et éducatif, a réfléchi de manière résolument spontanée, ouverte et transversale aux moyens d’inventer collectivement, 15 jours durant, de nouveaux usages au mot « culture ».
Ouverte par la reprise de Good Boy d’Alain Buffard, cette « déprogrammation » foisonnante ([dé]propositions de tout type : performances, workshops, débats, forums associatifs ou étudiants...) vise à faire de la Manufacture un lieu effervescent et ouvert, vivant toute la journée et non pas seulement les soirs de « spectacle », où chacun ait envie de venir, à toute heure du jour ou de la nuit, pour se rencontrer ou se laisser surprendre. Les propositions artistiques ont été choisies suivant une logique de bouche à oreille et d’affinités électives, en concertation avec des créateurs en phase avec l’esprit de la manifestation, qu’ils viennent de Gironde, d’Europe ou d’ailleurs. Elles offrent un panorama inédit sur tout une nouvelle génération d’artistes, éminemment pluridisciplinaires, emblématique des nouvelles formes de la production artistique et des nouveaux usages de l’art : une génération qui, au terme d’« oeuvre », préférerait celui de « processus » ou de « projet », privilégiant les formats « informels » et ouverts ; une génération qui, floutant la frontière entre amateurs et professionnels, semble vouloir renouer le lien avec des époques et des endroits où l’art était encore au coeur de la cité.
Car au-delà d’être purement artistique, le propos de DÉPROGRAMMATION est bien de cet ordre (ou plutôt de ce désordre) : engagé, intergénérationnel et interculturel. Il s’agit de renouer le lien entre culture et société, non seulement en mettant en débat quelques questions contemporaines essentielles (l’avenir du travail, la notion d’hospitalité, le rapport entre art et politique...) et en ménageant autant que possible des espaces de libre expression et d’intervention spontanée.
Les workshops et autres « laboratoires » qui ont fait étape à la Manufacture : un module d’Escuela de Arte Útil proposé par Gemma Medina, les « Archives Oniriques » de Duncan Evennou, le projet SOTA de Dina Khuseyn, la série des Dancewalks de Foofwa d’Imobilité, l’« École de la pensée tendre » de Robert Steijn, les « Poèmes physiques de protestation » de Mia Habib, le « Rituel de désenvoûtement de la finance » de Luce Goutelle.